Eugène RUTAGARAMA

 

Retour en arrière. En 1994, la famille d’Eugène Rutagarama est massacrée dans le génocide qui a vu périr 800 000 Rwandais, en majorité Tutsi, en à peine trois mois. Accablé par l’émotion, il me parlera de la difficulté de pardonner, de l’urgence à y parvenir… Avoir survécu lui a donné la volonté de reconstruire et le courage de travailler sans relâche. Et quel travail ! Eugène a risqué sa vie pour sauver les derniers gorilles de montagne. Il a restructuré le système affaibli des parcs nationaux et reconstruit l’écotourisme. Dans une des zones les plus conflictuelles d’Afrique, il a fait travailler ensemble tous les acteurs concernés, y compris les communautés voisines du parc. Protégée de la folie des Hommes, la population de gorilles recommence à croître.


Gorilles dans la brume


C’est de son enfance qu’Eugène tire sa sensibilité pour la nature. Il me raconte les récits de son père, suite à ses trajets au cœur de la forêt de Nyungwe… des histoires merveilleuses, peuplées d’animaux sauvages. La réalité sera plus brutale. Obligé de fuir au Burundi lors des troubles de 1973, il y étudie la biologie avant de revenir dans son pays. Dès 1990, il travaille au sein du Centre de Recherches Karisoke, fondé par Diane Fossey, l’auteur de Gorilles dans la brume, assassinée en 1985. Le Centre est niché au sein du Parc National des Volcans, qui abrite 380 gorilles de montagne (Gorilla beringei beringei) sur les 784 survivants que compte aujourd’hui cette espèce hautement menacée.

Mais Eugène est alors accusé de coopérer avec les rebelles et se retrouve en prison, contraint de creuser sa propre tombe… Libéré dans un assaut du Front Patriotique Rwandais, il se réfugie au Burundi. Il reviendra pourtant dans son pays, où il sera nommé directeur adjoint de l’Office Rwandais du Tourisme et des Parcs Nationaux. Sa mission, quasi impossible : redonner vie au système des parcs. « La majeure partie du personnel avait été tuée ou avait fui pendant le génocide. Et surtout, le gouvernement devait faire face au retour des réfugiés de la guerre. Nous avons dû nous assurer que les parcs ne seraient pas sacrifiés. »


Agriculture de subsistance, abattage de bois pour la construction et le chauffage, culture du cannabis, incendies : les gorilles de montagne voient leur habitat disparaître. Mais comment convaincre le pays de protéger 10% du territoire national, alors que des centaines de milliers de réfugiés se voient refuser un lopin de terre ? Travaillant avec les anciens gardes des parcs, Eugène passera des heures à convaincre la population locale, le gouvernement et les militaires de la nécessité écologique et économique des parcs. Et ce au risque de sa vie : attaques de milices ou de braconniers, les embuscades sont fréquentes. « Notre travail a consisté à soutenir le personnel, pour qu’il puisse travailler en diminuant les risques. » Un travail finalement « plus politique que technique ».


Assurer l’avenir grâce au tourisme


Petit à petit, ses efforts payent. En 2001, la population des gorilles est officiellement déclarée en augmentation. Une victoire fragile : dans un pays aussi pauvre, il faut construire une vision « qui réconcilie la nécessité de préserver les ressources naturelles avec les préoccupations des communautés locales. » Le tourisme y occupe une place de choix. Troisième source de devises du pays, il permet de financer le fonctionnement du Parc. Les visiteurs payent jusqu’à 1000 dollars pour une heure avec les gorilles. Le Parc affiche pourtant complet : c’est le seul endroit du monde où l’on puisse voir les gorilles de montagne. Des projets de développement choisis avec les villageois – apiculture, adduction d’eau – améliorent leurs conditions de vie et réduisent la nécessité de pénétrer dans le Parc.


Eugène m’explique finalement que sa plus grande fierté, c’est d’avoir redonné une place aux Africains dans ce travail crucial. Il prépare l’avenir grâce à un programme de formation, et a même réussi à faire signer un plan stratégique transfrontalier par les Ministres de l’Environnement du Rwanda, de l’Ouganda et de la République Démocratique du Congo. Plus que jamais, c’est dans la jungle des Hommes que se décide le sort des paisibles gorilles.


Texte ©  A. Gouyon & S. Viaud

Pays : Rwanda


Prix Goldman : 2001


Profession : Biologiste, Directeur de l’IGCP, International Gorilla Conservation Program.


Signe particulier : A perdu une grande partie de sa famille dans le génocide rwandais.

« Après un désastre humain aussi terrifiant que le génocide, un combat commun pour protéger quelque chose de précieux que nous partageons tous, comme notre environnement, peut aider à reconstruire une société dévastée. »

Un problème :

- Destruction des habitats et braconnage menacent l’existence des derniers gorilles de montagnes.


Solutions :

  1. -Unir les communautés pour travailler ensemble.

  2. -Reconstruire le système des parcs nationaux en coopérant avec les institutions gouvernementales et les ONGs internationales.

  3. -Promouvoir un système d’écotourisme, surveillé par des scientifiques afin d’obtenir une autonomie financière et des répercussions positives pour les communautés vivant aux alentours du parc.

Pour les derniers gorilles de montagne

Portfolio

Contact :


International Gorilla Conservation Programme

www.igcp.org


Sa page personnelle

www.eugenerutagarama.com

Rwanda, la paix retrouvée


3 octobre. Le long de la route qui me mène vers le Nord du Rwanda et ses volcans, les feuilles dentelées des bananiers oscillent dans le vent. Sous un ciel d’azur, le vert et le jaune se mêlent au rouge flamboyant de la terre. Je tombe sous le charme du pays des Mille Collines.


Retour en arrière. En 1994, la famille d’Eugène Rutagarama est massacrée dans le génocide qui a vu périr 800 000 Rwandais, en majorité Tutsi, en à peine trois mois. Accablé par l’émotion, il me parlera de la difficulté de pardonner, de l’urgence à y parvenir…

Mise en place du premier partenariat CAPITAL ALTRUISTE

entre l’IGCP et Speechi lors de la venue d’Eugène en France en novembre 2009.


SPEECHI - Thierry KLEIN

Speechi leur donne la possibilité d’enseigner, d’interagir socialement avec les élèves, de travailler au tableau de façon interactive, que leur audience soit physiquement dans la salle  ou pas.

Speechi développe un concept novateur de soutien aux ONGs : le Capital Altruiste. Sa première mise en oeuvre concrète à bénéficié à l’I.G.C.P. http://www.speechi.net/fr/http://www.capital-altruiste.org/fr/http://www.capital-altruiste.org/fr/http://www.igcp.org/shapeimage_10_link_0shapeimage_10_link_1shapeimage_10_link_2shapeimage_10_link_3
Pour les anglophones ! 
Un reportage de CNN sur Eugène et son travail.