>  Ecolodge Basata

 

Un promoteur de l’écotourisme avant l’heure.


Shérif El Ghamrawy est né dans une famille de la grande bourgeoisie d’Agouza en 1956. Très jeune, il a fait preuve de grandes capacités sportives et a voyagé dans tout la pays gagnant de nombreux trophées nationaux en natation. Après avoir effectué sa scolarité dans une école allemande au Caire, il a étudié en Allemagne afin de s’exposer au monde extérieur. Il y a obtenu un diplôme d’ingénieur et s’est vite intéressé aux problèmes de pollutions et de dégradation de l’environnement, questions auxquelles les Egyptiens ne prêtaient alors pas la moindre attention.

Mohamed Shérif El Ghamarawy


Village touristique de Basata, Taba route de Nuweiba

Nuweiba, Sud Sinai


Téléphone: 002 069 500 430/ 500 481

Fax: 002 069 500 480


Website : www.basata.com

Email : basata@basata.com



En 1982, Shérif a choisi de laisser passer plusieurs opportunités de carrière lucratives dans le secteur privé et s’est installé dans le Sinaï avec peu d’argent mais surtout une détermination farouche de forger l’avenir d’un tourisme responsable et respectueux de l’environnement dans son pays. Pendant quatre ans, il a recherché les fonds et soutiens nécessaires afin de construire le premier écolodge d’Egypte, « Basata ». Il fut alors souvent obligé de convaincre les représentants de l’Etat de lui accorder la permission de réaliser son projet. Le lodge a finalement ouvert ses portes en 1986, et connaît depuis lors un véritable succès. Il est pris désormais comme modèle à l’international de ce que peut être le tourisme responsable.


"Basata" signifie simplicité, c’est une retraite dans la nature et l’antithèse de la cacophonie de la vie au Caire ou autre grandes villes. Il n’y a ni la télévision, ni la radio et encore moins d’accès internet. Les seules options de divertissements sont ici très « nature » : randonnées, snorkelling, discussions confortablement installé dans les coussins, ou tout simplement détente sur la plage.


Le lodge entier est une communauté autosuffisante, pensée par Shérif El-Ghamrawi afin de s’intégrer à l’environnement local. Les architectes et les constructeurs sont issus du Sinaï. Les huttes sont faites de bambous et les chalets d’argile et de pierres naturelles dans le style traditionnel égyptien. La faible consommation d’électricité est fournie par un générateur conçu par Shérif.


La consommation d’eau quant à elle est dix fois moins importante que celle des hôtels de même catégorie. Les robinets et douches s’éteignent automatiquement après quelques minutes. Dans la cuisine se trouvent les différentes poubelles où l’on trie les déchets en deux catégories (organiques et non organiques) afin de les recycler.

Ecolodge Basata

Cuisine et recyclage des déchets

La ferme, juste derrière le lodge

Les déchets non organiques sont triés (verre, plastique, aluminium, etc.). Une ferme juste derrière le lodge permet de transformer les déchets organiques en nourriture pour les animaux. Le compost est utilisé soit comme fertilisant dans la serre soit comme « boue » pour les briques des chalets alentours.


Basata comprend une grande pièce centrale où la cuisine est a disposition de chacun 24 heures sur 24. De plus s’y greffe un pigeonnier, une serre, une ferme, une pharmacie – contenant des remèdes conventionnels mais également homéopathiques -- une boulangerie, une mosquée, un jardin d’enfants et une école primaire.


Mise en place d’un système complet de gestion des déchets.


Le sud du Sinaï est considéré comme l’un des plus beaux lieux touristiques au monde. On peut y observer des récifs coralliens uniques au monde et ses écosystèmes particuliers, ainsi qu’une vie marine extrêmement diverse. De plus, le sud du Sinaï héberge une large  population de bédouin, à la culture encore préservée. Cela attire évidemment des milliers de touristes, dont la venue est essentielle à l’économie de l’Egypte. Malheureusement, cet espace unique court le risque d’une détérioration rapide lié au problème de la montagne de déchets qui s’accumulent. Lors des dernières années, le sud du Sinaï a connu un développement très important, notamment au niveau des infrastructures hôtelières et des flux de populations qui en découlent (touristes, ouvriers).


La plupart des hôtels et autres centres touristiques gèrent par eux même leurs déchets et leur enlèvement. Néanmoins, de nombreux résidents jettent tout simplement les leurs n’importe où, ce qui conduit à la création de multiples décharges sauvages. Ces ordures qui se retrouvent dispersées un peu partout ne sont pas traitées et constituent un risque pour la santé des populations locales ainsi qu’un risque important de pollution de l’environnement. Lorsqu’elles sont brûlées, le fumées polluent l’air et pire encore réduisent la population d’oiseau de la région. De plus le Sinaï subi des vents violents qui transportent les sacs plastiques partout et spécialement jusqu’à la mer, souillant ses récifs de coraux.

Shérif a démontré qu’une gestion locale du problème de ces déchets pouvait être une solution alternative viable et efficace aux programmes très coûteux offerts par les compagnies étrangères. Il a alors constitué l’organisation Hemaya (signifiant « protection ») en 1997 afin de tester son approche.


Le réseau d’amis et partenaires que Shérif avait précédemment construit lors de son travail autour de Basata a formé une base solide à son projet de transformation du système de gestion des déchets de la région. Il a développé une approche qui amène les citoyens, les entreprises et les collectivités territoriales à rechercher ensemble simultanément la protection de l’environnement et le développement économique de la région. Il n’existait pas de relations entre ces différents partenaires avant cette initiative de Shérif.


“Le but de ce projet était de penser et mettre en place un système de gestion des déchets efficace et durable dans le sud du Sinaï, qui prendrai en compte les différentes étapes de la séparation des déchets, de leur ramassage, de leur transport, de leur recyclage, de leur traitement… Et également d’engager tous les partenaires dans une réelle collaboration, la population, les municipalités, le secteur privé, les ONGs et l’Agence Egyptienne des Affaires Environnementales afin de créer un entreprise financièrement viable et un environnement sain dans le Sinaï” explique le Dr Laila Iskandar Kamel, une des premières partenaires de Shérif.


Shérif a conçu une approche efficace, gérée localement, de gestion des déchets, qui crée des emplois et génère des revenus suite à la revente des matériaux recyclés. Ainsi, les voisins travaillent ensemble coordonnant leurs efforts afin de débarrasser les rues de leurs ordures, et bâtissant un réel investissement de la communauté dans la conservation de leur environnement


Un autre aspect important de cette initiative concerne le transfert de compétences. En effet, ce projet est basé sur le transfert de connaissances et technologies de Mokattam au Caire vers « Hemaya », l’ONG de Nuweiba. L’expertise acquise dans le domaine du recyclage par le secteur informel des « zabbaleen » (collecteurs de déchets) a profité aux acteurs locaux.


Les ordures sont maintenant séparées à la source en deux catégories : déchets organiques et non organiques. Des équipes de jeunes de l’Association pour la Protection de l’Environnement (APE) en partenariat avec l’une des ONGs pionnières dans la gestion des déchets solides en Egypte, ont commencé en mai 1997 par faire du porte à porte dans chaque hôtel, établissement commercial, résidence, restaurant et terrain de camping afin de collecter les ordures. Ces déchets sont collectés dans deux containers différents. Les déchets organiques sont acheminés sur les sites prévus à cet effet Mezeina et Tarabiin. Cela empêche désormais les chameaux et les chèvres d’errer dans les rues de la ville ou de tourner derrière les cuisines des hôtels et restaurants à la recherche de nourriture. Les containers sont conçus spécialement pour être inaccessible aux animaux. De plus, ces déchets organiques servent également de nourriture pour les animaux des éleveurs bédouins de la région


Les déchets non organiques sont quant à eux transportés vers une station de traitement où ils sont triés suivant leur nature : verre, plastique, papier, carton, aluminium et étain. Le plastique est écrasé, l’étain, l’aluminium, le papier et le carton sont compactés et le verre de nouveau trié en fonction de son état (brisé ou non). Tous ces matériaux sont transportés au Caire dans des camions de marchandises venant au Sinaï et qui repartaient auparavant à vide. Les bénéfices réalisés par la vente de ces matériaux recyclés couvrent les frais d’enlèvement des déchets et permet à ce système d’être autonome financièrement. Les bénéfices sont également partagés par les jeunes travailleurs, ce qui augmente leur efficacité. Le reste des bénéfices s’orientent sur des travaux d’embellissement de la ville de Nuweiba. Les 10 à 20% de déchets non recyclés sont destinés à devenir des remblais sur des espaces déjà identifiés dans les deux villes.


Alors que le Sinaï se développe d’une manière plus saine et propre, les bénéfices réalisés par les acteurs d’un tourisme nouvellement prospère contribue à soutenir les actions et le développement d’Hemaya. Même dans les moments les plus durs de l’Intifada, alors que très peu d’israéliens osaient s’aventurer dans le sud du Sinaï et que la plupart des hôtels ne pouvaient plus se permettre de payer les frais de collecte des déchets, Shérif et son équipe ont continué à offrir leurs services. Ils ont poursuivi leur tâche, démontrant par là l’efficacité du modèle de cette approche locale et ils ont ainsi gagné la fidélité de leurs clients. Aujourd’hui les entreprises le remboursent pour le travail effectué il y a des années.


Actuellement 150 personnes sont employées par Hemaya et l'O.N.G. diversifie ses projets (campagnes de nettoyage, rapports et études, artisanat local, plantation de palmiers, éducation...)

Mosquée, Basata

Montagnes du SInaï

Un modèle qui se diffuse.


Le succès de Shérif a créé une demande non seulement pour ses services, mais également pour la diffusion de son modèle. Il aide la zone protégée voisine de Saint Catherine afin d’adopter ce modèle, en commençant par la construction d'une nouvelle station de recyclage. Son rayon d’action s’étend également au nord où il assiste la ville de Taba à établir une troisième station de recyclage, étendant ainsi le réseau d’Hemaya. Une délégation provenant d’Al Qusayr, une ville située sur les côtes de la Mer Rouge a sollicité l’aide de Shérif afin qu’il développe le système de gestion de déchets de leur région.


Il dissémine désormais son modèle à travers le pays, offrant ses conseils et son expertise aux centaines de fondateurs éventuels d'initiatives de gestion des déchets. En effet, Hemaya ne peut avancer que progressivement mais en organisant des formations et des campagnes de sensibilisation, Shérif et son équipe entendent bien accroître la diffusion de ce modèle à travers toute l’Egypte.


Shérif forme et soutient directement de jeunes leaders qui mettent en place des groupes de citoyens ou des petites entreprise traitant de la question du traitement des déchets. Avec son équipe, il apporte les connaissance et les outils dont ont besoin ces entrepreneurs pour se lancer. Il leur montre comment établir une station de recyclage, recruter impliquer et emporter l’adhésion des acteurs locaux, développer des ressources pérennes et contrôler la vente des matériaux recyclés. Shérif partage gratuitement les meilleures pratiques de son organisation afin d’aider les entrepreneurs travaillant dans la même direction que lui à créer des emplois et un environnement sain pour leur communauté.


Les activités économiques du secteur informel dans la gestion des déchets solides sont viables, efficaces et bien plus durables que celles proposées par le secteur traditionnel. Elles créent des emplois, des micros entreprises, génèrent des revenus et de l’expertise. Il est temps d’évaluer les démarches du secteur informel à sa juste valeur, notamment dans les zones urbanisées et fournir plus d’efforts et d’accompagnement afin de les formaliser et les améliorer.


Beaucoup est fait aujourd’hui pour transférer cette initiative vers l’ensemble de l'Egypte et vers de nombreux états d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine, où le secteur informel démontre des stratégies semblables de récupération et de réutilisation des déchets. La rapide dégradation des zones urbaines et côtières de ces pays menace leurs héritages culturels et environnemental, et par la même leur potentiel touristique…